Revista Afriquespoir

Les mages modèles des intellectuels chrétiens

Au début de chaque année, les chrétiens fêtent l’Épiphanie du Seigneur Jésus. À cette occasion, il est lu le texte de la visite des Mages venus d’Orient pour adorer l’Enfant Jésus, né de Marie, à Bethléem (Mt 2,1-12). Spécialistes d’astrologie, les mages sont des intellectuels, des hommes du savoir, des personnes qui se distinguent des autres par leur science supérieure. Ces païens qui avaient cherché Jésus avec un tel empressement et assiduité apprennent à nos intellectuels, de plus en plus nombreux, que les études et les hautes connaissances scientifiques n’empêchent nullement la recherche et la rencontre avec Jésus. Bien au contraire, elles nous y portent. De plus, le Christ sait se servir de la marche des événements pour se révéler à nous. Quitte aux hommes et aux femmes de science, qui font partie des intellectuels, d’être attentifs pour voir « son étoile».

Par ailleurs, le savoir scientifique ne devrait pas fermer les têtes et cœurs de nos diplômés au savoir biblique, expression de la volonté du Créateur. En effet, les mages ont vu l’étoile du roi des juifs, mais, pour connaître exactement le lieu de sa naissance, ils ont dû passer par Jérusalem, recourir aux écritures Saintes. Bel enseignement pour nous tous, de voir « le savoir biblique venir suppléer à la ‘’défaillance’’ du savoir astrologique » (P. Buetubela). Les sciences de la nature ne peuvent pas donner toutes les réponses aux questions existentielles de l’homme. Il existe des « soifs » de l’homme qui ne sont désaltérées qu’à la rencontre, à la communion avec le Dieu d’amour miséricordieux.

Créé à l’image de Dieu et à sa ressemblance, appelé à dominer sur tous les êtres vivants et à soumettre la terre (Gn 1,26-28), l’homme est doté d’intelligence, de volonté et de parole. Il mérite d’être encouragé à faire des études, à fournir tous les efforts qui concourent à la connaissance et à la maîtrise de la terre. Et tout ce qu’entreprend l’homme pour la connaissance de la vérité en vue d’une vie plus digne, plus conforme à la volonté du Créateur, doit être promu.

Malheureusement, notre société africaine assiste à une montée de ce que je peux me permettre d’appeler la « diplômo-manie », qui vire, chez certains, à une « diplômo-latrie ». Les gens courent derrière les titres académiques et les diplômes que d’aucuns ne se gênent pas de monnayer, sans la maîtrise réelle des matières équivalentes. Et de ceux qui les obtiennent, même honnêtement, plusieurs s’en pavanent tellement qu’ils semblent non seulement en faire une idole, mais s’adorer eux-mêmes. Pourtant, chez plus d’un, nous ne voyons pas de grands résultats de ces études sur terrain, encore moins des options et styles de vie qui correspondent à leur niveau intellectuel. Celui qui succombe dans la « diplômo-latrie » ne se laissera pas guider par plus sublime que soi ; il aura de la peine à se prosterner en toute humilité devant Jésus comme les mages et n’aura rien de bon à lui offrir en hommage. Les diplômes, nonobstant toute leur importance et leur valeur, ne font pas de nous des super hommes, encore moins des dieux. Des intellectuels chrétiens, il est attendu que, grâce à leur foi, ils sachent mieux distinguer le bien du mal, le bon du mauvais et le beau du laid. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais.

Les mages, avertis de mauvaises intentions d’Hérode, retournèrent par un autre chemin ; ils ne pouvaient livrer à la mort l’Enfant de Bethléem. L’intellectuel qui craint Dieu, qui adore Jésus en vérité ne peut être complice de la mort des enfants de Dieu; pire encore, s’ils sont innocents et sans défense. Dans une société où la vie de l’être humain se vend à si bas prix, pour quelques intérêts, l’intellectuel chrétien doit, comme les mages, obéir à la voix du Très Haut qui lui recommande de ne pas passer par les chemins des impies (Ps 39,5), de ne pas pactiser avec ceux pour qui Jésus est une menace, les hypocrites - faux adorateurs, les semeurs de mort. Les connaissances de l’intellectuel chrétien ne doivent pas être au service de la mort d’un être humain. L’intellectuel qui cherche Jésus, et le rencontre de tout son cœur, promeut la vie.

 
 

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