Le P. Lionel Eméric Dofonnou est un missionnaire combonien togolais. Depuis trois ans, il vit au Brésil, dédié au travail d’annimation missionnaire et vocationnelle.
Un groupe de femmes dans le marché de Dapaong, au Nord du Togo
Les élections de février 2020 au Togo nous ont encore prouvé que la libération de ce pays ne sera l’œuvre ni de nos politiciens –même ceux qui se font appeler oppposants -, ni de la France, ni de l’Union Africaine, ni d’aucune autre entité hors du continent. Je ne comprends pas pourquoi, jusqu’à présent, il nous est difficile d’assumer cela.
En avril dernier, nous avons célébré 60 ans d’indépendance, mais le Togo gémit encore, espérant le jour de sa véritable libération. C’est un sujet de réflexion sérieuse pour nous, la jeune génération togolaise, et surtout pour nos responsables religieux. En fait, les togolais sont déçus par les leaders politiques, et l’expérience des pays africains nous a démontré que le continent continuera d’être “colonisé” si ses propres fils ne prennent pas leur destin en main.
Ces dernières années, la société civile de certains pays est en train de comprendre son importance dans la gestion de la chose publique. Je cite seulement l’exemple de celle de la République Démocratique du Congo qui, entre vents et marées, avait empêché l’ancien président Joseph Kabila à se représenter aux élections présidentielles en 2018 en vue du troisième mandat, car la Constitution le lui empêchait. Les congolais y étaient arrivés parce qu’ils avaient vu leurs leaders religieux prendre les devants et se manifester contre le pouvoir oppresseur perpétré par l’ex-président. Certains parmi les manifestants avaient perdu leur vie et sont ainsi devenus des martyrs de la liberté pour le bien du peuple. Et aujourd’hui, la lutte de l’Eglise congolaise continue.
Cet exemple doit stimuler les diferentes confessions religieuses du Togo. En effet, le peuple togolais est, en majorité, croyant. Je crois que, si l’Eglise prend le devant, le peuple se joindra à sa lutte contre ce régime qui dure déjà plus de 50 ans et qui ne privilegie qu’un groupe très réduit de personnes.
Dans son plan de régénération de l’Afrique Centrale, Saint Daniel Comboni disait que l’Afrique sauvera l’Afrique. Nous devrions assumer que, pour sauver le Togo, le combat sera mené par les togolais eux-mêmes. Certes, nous avons déjà perdu l’opportunité des élections de février 2020, mais “mieux vaut tard que jamais” dit-on. Maintenant, il ne sert à rien de multiplier des prières espérant que le changement nous tombe du ciel. Dieu a déjà fait sa part. Le Togo a besoin des leaders religieux capables de se sacrifier pour le bien du peuple et de sortir de ce silence de toujours, que je trouve coupable.
L’exemple du de la RD Congo est sous nos yeux, à nous de voir si nous voulons sauver le Togo. Et nous avons quatre ans pour nous préparer contre de pouvoir de ces politiciens égoïstes qui règnent jusqu’en 2025.
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