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A la recherche d’une présence missionnaire DE KINKALA/ CONGO-BRAZZA Mgr. ILDEVERT MATHURIN MOUANGA

  • 6 juin 2024
Photo et Texte : Frère Lwanga

Lorsque j’ai été nommé évêque de Kinkala, en mars 2020, j’étais désemparé, car je m’attendais à tout, sauf à l’épiscopat. J’ai toujours rêvé être enseignant et, jusqu’à présent, s’il y a un métier que j’aime, c’est bien celui d’enseigner. Quand j’étais au lycée, je voulais devenir professeur de français. Cela ne s’est pas réalisé, mais, après avoir terminé mon doctorat en Théologie Biblique, j’ai enseigné les Saintes Écritures au Grand Séminaire Emile Byayenda de Brazzaville. Après, il m’a été demandé de rendre le service de directeur des études, puis, de recteur de la même institution. Une fois ce service accompli, j’ai pris une année sabbatique; en même temps, j’ai proposé ma candidature comme enseignant à l’Université Catholique d’Afrique Centrale (Yaoundé-Cameroun), avec laquelle j’avais déjà des liens. En attendant la réponse, j’ai reçu la nouvelle de ma nomination comme évêque de Kinkala, une charge très délicate et pour laquelle, malheureusement, il n’y a pas d’école.

Le diocèse de Kinkala a été créé en octobre 1987 à partir de la partie rurale de l’archidiocèse de Brazzaville. Je connaissais le diocèse parce que je suis originaire de cette région. Mon village est situé à 20 km du centre de Kinkala, où j’allais et revenais à pied. Cependant, certaines réalités m’étaient étrangères, car j’ai fait toute ma formation philosophique et théologique à Brazzaville. Après mon ordination sacerdotale en 1998, je n’ai exercé ici mon ministère que pendant un an et, avec la crise socio-politique dans cette région, la situation était intenable, c’est pourquoi je ne suis pas allé à Saint Théophile de Kindamba, la paroisse où j’ai été affecté. Quand j’étais professeur au Grand Séminaire de Brazzaville, je venais pour un travail précis et je repartais dans mon petit coin. Les gens me connaissaient comme professeur et recteur du grand séminaire, mais pas grand-chose d’autre. Néanmoins, certains échos sur moi arrivaient du grand séminaire comme une personne sévère. 

Comme je connaissais peu la vie des paroisses, lorsque j’ai été nommé évêque, la première chose que j’ai faite a été de visiter toutes les paroisses du diocèse et je le fais encore aujourd’hui. J’ai appris petit à petit et, maintenant, je peux dire que je commence à mieux connaître le diocèse de Kinkala.
A Kinkala tout est une priorité, que ce soit dans la pastorale, la vie matérielle du diocèse, des paroisses ou dans la vie sociale du peuple... Je ne sais pas par où commencer. Nous devons juste nous mettre au travail. Dans ma prière personnelle, je demande à Dieu que mon projet d’évêque coïncide avec les attentes du peuple et qu’il y ait communion entre l’évêque et les prêtres et les prêtres avec les fidèles, car, que vaut un évêque sans prêtres? Et un prêtre sans fidèles? Absolument rien. Seulement, s’il y a communion entre nous, nous pouvons construire notre diocèse.
Une de mes grandes priorités est qu’il y ait, dans notre diocèse beaucoup de congrégations, qu’elles soient de vie apostolique ou contemplatives. Dans le livre des Nombres, Moïse dit: «Puisse tout le peuple de Dieu être composé de prophètes, et que Dieu mette sur lui son esprit» (Nombres: 11, 29) Et je dis: «que dans chaque village de notre diocèse qu’il y  ait des Sœurs, des Frères et des Pères missionnaires. Quand cela sera accompli, je serai l’évêque le plus heureux du monde et, comme Siméon, je chanterai: «Maintenant, ô Maître Souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix… » (Luc 2 : 29).

Au total, nous avons 82 prêtres pour les 19 paroisses que compte actuellement le diocèse. En principe, ils sont suffisants, mais j’ai toujours déploré la pauvreté de notre diocèse en termes de présence des missionnaires. Quand je suis arrivé, il n’y avait que trois congrégations religieuses féminines et deux congrégations masculines. C’était très peu. Pour moi, un diocèse qui n’est tenu que par le clergé diocésain est pauvre et –que Dieu me pardonne– je n’arrive pas à supporter cette pauvreté.

Avec la présence des congrégations religieuses, l’Église manifeste sa catholicité, celle que nous professons dans le Credo. En outre, je crois qu’ils feraient fleurir notre diocèse dans l’évangélisation, la pastorale, les œuvres caritatives et la formation des consciences, utiles au développement intégral des personnes, en particulier des chrétiens, afin qu’ils soient toujours plus conscients de l’exercice de leur mission dans le monde.

Dans mon bureau, j’ai une pile de copies des lettres que j’avais écrites aux supérieurs généraux de certaines congrégations religieuses masculines et féminines, y compris au supérieur des missionnaires comboniens, pour les inviter dans notre diocèse. Dieu est en train de répondre: il y a deux ans, sont arrivés les Pères Trinitaires et les Pères Rédemptoristes. Ces derniers étaient déjà dans le diocèse, mais, en raison des troubles  politiques de 1998, ils étaient partis. Les Missionnaires Comboniens ne nous ont pas encore répondu. Ils sont sur notre liste d’attente.
 

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