Par P. Joseph Mumbere, mccj
Aujourd’hui, le terme "autorité" est devenu un gros mot, qui fait penser à l’écrasement des libertés. L’autorité est souvent perçue comme une menace aux libertés individuelles ou comme une imposition par la force de la volonté de celui qui la possède. Le terme "autorité" provient du nom latin "auctoritas" qui, au temps des romains, signifiait: la qualité et la légitimité des anciens. L’autorité n’est donc pas synonyme de pouvoir.
Malheureusement, lorsqu’on déplie les définitions du mot "autorité", on retrouve principalement les termes "pouvoir", "force", "considération", "valeur", "référence", etc. On déduit facilement que la notion d’autorité, renvoie principalement à la façon dont on exerce le pouvoir ou l'influence sur les autres, souvent en utilisant la force et même la violence, si le soumis n’obtempère pas aux ordres donnés.
Lorsqu’on parle d’autorité, on se trouve dans le domaine des relations humaines, où l'usage de la force n’est pas nécessaire. La vraie autorité (politique, morale, économique, pédagogique, etc.) est la capacité d’obtenir un comportement souhaité de la part de l'autre sans recours à la force ni à la menace physique, morale, psychologique ou légale.
La position de pouvoir ne confère pas nécessairement l’autorité. On peut avoir la force physique, la position sociale, la puissance politique et économique ou policière, mais être sans aucune autorité. C’est ainsi que dans le domaine du pouvoir politique, on fait appel aux forces de l’ordre quand la vraie autorité des gouvernants est perdue. Dans le domaine éducatif, la punition est appliquée quand l'éducateur a perdu son autorité. Lorsque l’autorité parentale ne trouve plus l’écho, la gifle le remplace.
La vraie autorité est fondée sur la confiance. Quand la vraie autorité se perd, quand elle est remise en question, la menace et la force interviennent pour contraindre à l'obéissance. Quand l'obéissance n'est pas acquise, commence la crise d’autorité, qui se transforme en autoritarisme, tyrannie et dictature.
Dans la Bible, il y a des personnalités qui tirent leur autorité de leur position de faiblesse, sans aucun pouvoir coercitif, comme l’a démontré Jésus-Christ. Selon le général français Lyautey, l’autorité permet de faire l’économie de la force. Elle apparaît comme un pouvoir qui tire sa puissance d’ailleurs que dans la menace ou de la démonstration de force. Son influence est intérieure et implique le consentement.
La véritable autorité n’est ni arbitraire ni tyrannique; elle n’a rien à voir avec la terreur. Elle repose sur un rapport réciproque de respect: celui qui l’exerce espère augmenter la valeur de celui qui y est soumis; celui qui l’accepte voit dans celui qui l’exerce la confiance en sa propre capacité de progrès. Il y a donc considération mutuelle et non rapport de force en vue de la domination. Dans l'exercice de l’autorité, les partenaires doivent se reconnaître réciproquement une compétence minimale pour que l’autorité puisse prendre forme. Celui qui se soumet doit admettre la légitimité de l’ascendant comme positive pour lui. A son tour, celui qui ordonne doit croire au possible essor de celui dont il cherche à orienter l’action. Quand disparaît cette légitimité reconnue de part et d’autre, naissent la violence et l'indifférence, qui enveniment les relations.
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