Par Mgr. Basile Mavungu Khoto
Photos: Lwanga Kakule
Dans beaucoup de grandes villes africaines, les heures de pointe matinale et vespérale sont marquées par des mouvements pendulaires, allant des périphéries vers le centre-ville ou vice-versa. À travers ces navettes se cache la lutte pour la survie, par le biais d’un travail dans le secteur formel ou informel (débrouillardise). Notre quotidien est brassé par la présence de la vendeuse de pain ou des légumes, du cireur ambulant, du médecin et de l’infirmier du centre hospitalier du quartier, de l’enseignant de l’école de nos enfants, du mécanicien réparateur des voitures ou des motos, de la dame de ménage, du policier, de la maman ou du papa qui va au champ,…. Le travail de toutes ces personnes ne peut être réduit à la seule dimension économique.
On connaît le drame intérieur que vivent les milliers de chômeurs de nos familles, cités et villages. Au-delà du gain financier et de la considération sociale, tout autant légitimes, le travail possède, pour le chrétien, de la valeur spirituelle intrinsèque. Dans une Afrique qui se veut prospère, contre la paresse et l’attentisme, et même contre les récurrentes prédications d'un «Dieu bouche-trou», il est utile de reprendre à nouveaux frais «quelques éléments pour une spiritualité du travail» que je tire essentiellement de l’encyclique Laborem exercens du Pape Jean Paul II.
Kinshasa. Un chauffeur de taxi-moto conduit des clients.
Participation à l’œuvre du Créateur
Toute activité humaine orientée à améliorer les conditions de vie correspond au dessein de Dieu. «Dans les paroles de la Révélation divine, on trouve très profondément inscrite cette vérité fondamentale que l'homme, créé à l'image de Dieu, participe par son travail à l'œuvre du Créateur, et continue en un certain sens, à la mesure de ses possibilités, à la développer et à la compléter, en progressant toujours davantage dans la découverte des ressources et des valeurs incluses dans l'ensemble du monde créé» (Laborem exercens, nº25). L'œuvre de la création accomplie par Dieu dans le premier livre de la Bible se présente comme un travail réalisé en six jours et sanctionné par un repos au septième jour.
C’est le «premier évangile du travail». De cette première description découle la dignité du travail: «par son travail, l’homme doit imiter Dieu, son Créateur, parce qu’il porte en soi -et il est seul à le faire- l’élément particulier de ressemblance avec Lui. L'homme doit imiter Dieu lorsqu'il travaille comme lorsqu'il se repose, étant donné que Dieu lui-même a voulu lui présenter son œuvre créatrice sous la forme du travail et sous celle du repos». Partant de ce qui précède, les chrétiens, par leur travail quotidien, participent, eux aussi, à l’œuvre de la création. Une société ne peut pas se développer, ses citoyens ne sauront pas jouir pleinement des dons de Dieu dans la nature, sans travailler, aussi bien intellectuellement que manuellement, chacun dans son milieu et selon ses talents, en fonction des besoins des uns et des autres. C’est par le travail que l’homme devient à mesure de soumettre la terre, de dominer le monde (Gn 1,26-28).
Partagez cet article